Ce 31 mars nous fêtons la Résurrection du Christ (Marc 16, 1-20). Ses amis ont vu et touché le Christ ressuscité, et cela a été écrit pour l’annoncer à toute l’humanité. Les artistes également l’ont représenté. Si représenter Dieu fait homme passe précisément par l’Incarnation et la représentation du Christ, comment le représenter dans son humanité transfigurée?

Un relief pour célébrer la Résurrection du Christ
Puisant dans les récits des évangélistes, les artistes racontent la résurrection du Christ à travers les différents évènements vécus par les apôtres : Marie-Madeleine devant le tombeau vide, la rencontre avec les deux pèlerins sur le chemin d’Emmaüs, Thomas touchant les saintes plaies, etc. Une autre manière consiste à représenter le Christ foulant «le lionceau et le dragon» (Ps 90, 13), descendu aux enfers ou sortant du tombeau, souvent entouré d’anges. Pourtant, tout cela, personne ne l’a jamais vu!
Dans le grand relief qui décore le chœur de l’église Saint-Paul-des-Nations à Sophia Antipolis, on pourrait reconnaître le moment où Jésus «se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table» (Mc 16, 14). Or, ici c’est l’Ancien et le Nouveau Testament que le Christ relie: nimbé d’une imposante auréole que touche du bec la colombe de l’Esprit Saint d’où coule l’eau du baptême, le Christ ressuscité domine la composition en bois doré. Se pressent autour de Lui Adam, Moïse, Jean le Baptiste, Marie sa mère, Pierre et Marie-Madeleine. Au pied du Christ, un pauvre et une famille sont représentés de part et d’autre du serpent, vaincu par la Croix sur laquelle Il se tient.

Quelle lumière!
La lumière zénithale et les ouvertures latérales diffusent une lumière naturelle rasante. Ainsi, l’expression des visages et les gestes des mains sont particulièrement bien éclairés et mis en valeur, animant la scène d’une grande expressivité. Les dorures renforcent encore la luminosité de l’œuvre en reflétant la lumière.

L’artiste nous dit:
«Mon métier, c’est de créer un espace qui soit digne de ce moment unique de la liturgie où le ciel rejoint la terre » (Interview pour la Croix en 2017). C’est ainsi que le sculpteur et graveur Dominique Kaeppelin (1949-2019) définissait sa mission d’artiste. Son art était une quête, celle de «transmettre la nécessité absolue de l’Amour».
«Il faut que cette sculpture vive d’une vie autonome reliée au niveau céleste. Les plans naissent les uns des autres, entre eux il y a des zones d’oubli, des vides, des passages de silence d’où ils apparaissent et disparaissent comme les vagues entre elles, infiniment. C’est la vie de l’Esprit Saint qui les anime, on ne sait d’où il vient, ni où il va, si ce n’est vers le Père Éternel.» (Dominique Kaeppelin, à propos de la Mise au tombeau pour la chapelle des Pénitents au Puy-en-Velay).

Une église qui rassemble
Pour l’église Saint-Paul-des-Nations, Dominique Kaeppelin a réalisé ce retable monumental, mais aussi l’autel, le tabernacle et la statue de la Vierge. Ses œuvres se marient avec l’architecture résolument contemporaine de l’église consacrée le 21 mai 2000, dont le caractère dépouillé peut surprendre de prime abord. Pourtant c’est dans un grand respect de la tradition que l’architecte Alain Lamy a conçu son projet: un majestueux porche en plein cintre, où l’on peut lire la réponse de l’assemblée lors de la prière sur les offrandes «Pour la Gloire de Dieu et le Salut du Monde».  Cette généreuse entrée rappelle que Jésus est «la Porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé» (Jn 10, 9); le clocher carré domine un large parvis, lieu de rencontres et d’échanges. Vraiment, la luminosité, la couleur chaude de la pierre de taille et les œuvres sont une invitation à la prière.

Christel Naujoks
Déléguée diocésaine du Service de la Culture
Tél. 06 14 47 30 42 – culture@nice.catholique.fr