Publié en octobre 2022 aux éditions Gilletta, cet ouvrage, réalisé par le Cercle Brea, est une invitation au voyage à travers le temps, des prémices de la chrétienté (Ier-XIVe siècles) au renouveau de l’art sacré (XIXe-XXe-XXIe siècles), en passant par le temps des primitifs niçois, entre Moyen Âge et Renaissance, et la gloire du baroque. Une invitation, également, à s’émerveiller à travers l’espace, des Alpes-Maritimes, et Alpes-de-Haute-Provence, à l’Italie. «Or, la désacralisation ambiante de ces dernières décennies nous a transformés en êtres souvent incapables de nous émerveiller et de nous réjouir, écrit Me François Dunan, président du Cercle Brea, dans sa préface. Émerveillement et joie pourtant intimement liés à l’art sacré et à sa fonction pédagogique.»

«Ce livre, c’est une somme de beauté », résume Christiane Mattei. Chargée de mission culturelle du Cercle Brea, elle en a assuré la coordination éditoriale. «On voulait que ce soit un ouvrage d’art, donc que l’image ait une grande place, une priorité conjuguée aux écrits de spécialistes de l’art. C’est un travail passionnant. Ce livre constitue également un hommage aux commanditaires, aux artistes qui ont réalisé ces chefs-d’œuvre et à tous ceux qui ont su les préserver au fil du temps. Le talent du photographe sublime la beauté des œuvres et met en valeur des détails qu’on ne voit pas lors d’une visite.»

Ces détails, nous les contemplons parfois en pleine ou double-page, au fil des 184 pages que compte l’ouvrage. Par exemple, cette grande plaque de chancel (photo), conservée à l’église de Vence, et dont le décor est dominé par des torsades liées entre elles. Ou ce détail d’une Niche en trompe-l’œil portant les noms des deux peintres, Giovanni Baleison et Giovanni Canavesio, œuvre des années 1485-1490, visible dans la chapelle Saint-Sébastien à Saint-Étienne-de-Tinée.

cercle bréa

Apporter un éclairage

La majeure partie des 200 photographies ont été réalisées par Michel Graniou, artiste-photographe et photographe professionnel spécialisé dans le domaine du patrimoine. Beaucoup sont inédites. Il a ainsi pu saisir au plus près la Crucifixion de Louis Brea (1512), conservée au Musée Masséna en attendant de regagner l’église des Franciscains de Cimiez. «J’ai pu l’approcher comme je n’aurais pas pu le faire dans l’église à l’époque où je l’avais déjà photographiée. Là, j’ai pu faire le détail du drapé (qui illustre la couverture, ndlr). De pouvoir approcher une telle œuvre à quelques centimètres, c’était un grand moment.»

art sacré
Livre 20 siècles d'art sacré

Grand moment aussi que la redécouverte à Nice, pour le travail sur le XXe siècle, de l’église Notre-Dame-de-France, au col de Villefranche, et du sanctuaire du Sacré-Cœur. «Je ne connaissais pas le crucifix de Gazan; puis les mosaïques et les vitraux sont signés, ce qui est un avantage, et ce travail est extraordinaire.» Quant au rendu photographique du vitrail monumental de la façade (photo), le photographe le concède: «Les gens ne verront peut-être jamais exactement ça; car, pour avoir en même temps l’architecture et le vitrail, c’est compliqué. J’ai apporté de l’éclairage dans le chœur, et il y a tout un système de grillage derrière le vitrail que j’ai essayé d’atténuer.»

«La photographie m’a toujours permis, en éclairant le sujet, en restant des heures devant des toiles ou des architectures, de ressentir la beauté, confie Michel Graniou. Souvent, dans mon travail personnel, l’inspiration est venue de mon travail sur le patrimoine. Je me suis retrouvé à éclairer des toiles qui, dans les églises, sont dans des endroits très sombres; et à rester longtemps devant elles dans des conditions exceptionnelles par rapport au visiteur qui entrerait dans l’église. C’est ça que j’essaye, ensuite, de retranscrire par la qualité de la photographie et par l’édition: cette émotion que j’ai ressentie à ce moment-là.»

Un travail collectif

Plusieurs auteurs – universitaires, archéologues, conservateurs, historiens, archivistes, théologiens – ont travaillé les textes selon les périodes: Bernard Berthod, Gilles Bouis, Jérôme Bracq, père Sylvain Brison, Yann Codou, Roberte Dallo, Germaine Leclerc, Johanne Lindskog, Brigitte Mandrino, Jean-Baptiste Pisano, Luc Svetchine, Luc Thevenon; et Myriam Galland, historienne de l’art et guide conférencière, une des administratrices du Cercle Brea. Avec Germaine Leclerc et Luc Thevenon, elle s’est attachée au temps des primitifs niçois entre Moyen Âge et Renaissance (XVe-XVIe siècles).

«Le regard porté sur ces créations, souligne-t-elle, est très important. Le rôle du photographe ou de l’historien de l’art est de révéler les éléments invisibles à première vue. Qui y a-t-il derrière chaque œuvre? On rencontre des hommes animés d’une foi profonde, des mécènes, des communautés villageoises, des ordres religieux. Toutes ces personnes, tous ces élans s’unissent pour donner une image du beau, ce qui n’a de cesse de nous émouvoir.»

michel graniou

Louis Brea, Annonciation (détail), vers 1500, église de la Nativité-de-Notre-Dame, Lieuche (© Michel Graniou).

Avec 20 siècles d’art sacré dans les Alpes méridionales, réalisé grâce à l’aide du département des Alpes-Maritimes, le Cercle Brea poursuit sa mission: promouvoir le patrimoine et l’art sacré principalement des Alpes-Maritimes. Un travail auquel s’attelle l’association depuis le 16 septembre 2000.

Denis Jaubert – Photos: Michel Graniou

20 siècles d’art sacré
dans les Alpes méridionales

24 x 30 cm; 184 pages, relié, 200 photographies
Parution: 20 octobre 2022
Éditions Gilletta (maison d’édition niçoise dédiée au patrimoine et au tourisme du sud de la France)
Prix: 40 €
editionsgilletta.com

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