Sable, chaux, pigments… et créativité! Vendredi 1er avril à Nice, douze personnes ont pu expérimenter l’art de la fresque. Des œuvres ont été réalisées lors d’un atelier à l’espace ignacien.

La fresque traditionnelle est-elle un art d’aujourd’hui ?

Tel est le titre de la conférence donnée jeudi 31 mars 2022 à Nice, la veille de l’atelier, par Dominique Sabroux. Avec ses élèves, celle-ci s’est initiée à cet art en 1999, lorsqu’elle était enseignante en lycée à Troyes; une rencontre de quinze jours avec des lycéens allemands et italiens, au Centre de Culture Européenne de Saint-Jean d’Angély, avait permis à cinq jeunes de chaque nationalité de découvrir la fresque en travaillant avec un artiste fresquiste de Poitiers, Jean-Jacques Jolinon. Puis, en 2000, les élèves et leurs professeurs avaient voulu créer une fresque dans la ville de Troyes. Depuis, l’association «Les passeurs de fresques» a cette vocation à transmettre cet art; et c’est avec passion que Dominique Sabroux nous a fait entrer dans la fresque!

Avant la conférence, une visite a été organisée dans l’après-midi avec un ami résidant à Nice. Il est devenu amoureux des maisons décorées, en général sous les toits, qui sont une des spécificités de notre ville, influencée par la culture italienne. Difficile de dire à distance si ces décors sont des peintures murales, des sgraffiti ou des fresques, tant la différence tient à la technique utilisée. Mais le parcours à travers le quartier de Nice-nord a été un régal pour les yeux.

Le lendemain, un atelier animé par Dominique Sabroux et deux de ses amies, membres des «passeurs de fresques», a permis à douze personnes d’expérimenter la technique et de réaliser une fresque sur une brique plâtrière. Marguerite, une des participantes, nous livre son témoignage.

Après avoir entendu la conférence de Dominique Sabroux, jeudi 31 mars au soir, sur l’histoire des fresques, me voilà à l’atelier du 1er avril. Non, ce n’était pas un poisson d’avril, nous étions tous là à 9h avec nos tabliers ou nos blouses, nos crayons de couleur… et Dominique, accompagnée de ses collaboratrices Christine et Christine.

Nous avons commencé par préparer le mélange. La veille, nous avions entendu parler de « sgraffito », « arricio », « intonaco », et à présent nous étions en train de remuer sable et chaux à quantités égales, avec une pensée pour les maçons qui respirent cette poussière très fine et en préparent des quantités!

Puis c’est le moment délicat du rajout d’eau et enfin, chacun avec sa truelle, nous préparons notre support sur une brique préalablement trempée pour nous permettre de travailler « affresco ».

Nous faisons des gestes ancestraux de lissage. Je prends déjà beaucoup de plaisir à cette étape, les autres aussi sûrement car chacun a voulu garder « sa » brique pour s’initier à la fresque.

Dominique avait apporté des photographies de fresques et chacun a reporté le dessin sur du papier puis sur une feuille de plastique transparent à l’aide d’un feutre noir.

Avant le repas de midi, nous avons préparé quelques émulsions et quelques enduits et, dans ma tête, je m’étonne qu’il y en ait de si petites quantités. Je comprendrai ensuite que ces pigments minéraux sont très couvrants. Dominique nous expliquera que ce qui est beau, c’est de faire plusieurs couches pour ne pas saturer immédiatement. Nous entendons parler de ses élèves et des projets Erasmus. Je me dis que j’aurais bien aimé faire partie de ses élèves.

Déjeuner au soleil derrière l’église Saint-Jean l’Évangéliste après le nettoyage des outils et on nous explique que c’est un matériau écolo. Tout pour plaire!

L’après-midi fut intense. Nous étions tous très concentrés et, peu à peu, nous avons vu apparaître un morceau de fresque… Dominique et ses collaboratrices nous guidaient sans rien imposer. Ce qui pour moi a été stupéfiant, c’est qu’à partir d’une même technique et de quelques pigments nous avons produit des choses très différentes. J’ai beaucoup aimé ce temps vécu avec beaucoup d’intériorité pour tous je crois. C’est le cœur plein de gratitude pour la découverte de cette technique, pour cet accompagnement respectueux de chacun avec ses compétences et sa créativité, que je repars.

Je ne sais pas encore quelle sera la suite que je donnerai à cette journée mais je suis sûre que, tous, nous regarderons mieux et plus attentivement les murs dans les rues et dans nos églises; et nous nous poserons la question: peinture murale? Fresque?

Marguerite

Dans de nombreuses églises nous avons la chance de pouvoir admirer des fresques. Et en particulier à La Brigue, dans la chapelle Notre-Dame des Fontaines: ce fut la dernière proposition organisée autour de la conférence, pour tous ceux qui voulaient, samedi 2 avril. La plupart des fresques ont traversé les siècles, la technique utilisée permet de les conserver longtemps. C’est ainsi qu’à Pompéi elles ont survécu aux éruptions volcaniques, du fait du pigment emprisonné dans l’enduit frais qui subit en séchant une réaction chimique le fixant définitivement dans la pierre. Aujourd’hui, les passeurs de fresques veulent transmettre cet art ancestral, et nombreuses sont les réalisations accomplies en France, à l’étranger, dans des églises ou des lieux publics. L’association a bénéficié de l’expérience de Dom Angelico Surchamp, moine de la Pierre qui Vire, qui a cherché à réconcilier l’Église et l’art moderne à travers ses recherches esthétiques et la fresque.

Pour tous ceux qui veulent s’initier à cet art, chaque année des stages sont organisés y compris dans notre région.

Sœur Geneviève Pavy

Renseignements 
Facebook « Les passeurs de fresques »
Sœur Geneviève PAVY, xavière – gen.pavy.xav@gmail.com