Nous avons lancé la première marche vers l’abbaye Notre-Dame de la Paix en janvier 2018, avec pour thème le message du pape François qui était «Les migrants et les réfugiés: des hommes et des femmes en quête de paix. » Cette année, le titre du message du pape a surpris: «Intelligence artificielle et paix».

marche castagniers
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En effet, ce thème nous a semblé loin de l’actualité des migrations et des lois pour les contrôler, loin de l’actualité du réchauffement climatique, loin de l’actualité brûlante des guerres, comme en Ukraine et à Gaza. Ce thème n’était pas non plus un baume sur nos frustrations: car nous avons beau nous unir, faire des marches, des pétitions, du plaidoyer, est-ce que nous influons positivement sur les évènements? Nous avons quand même composé et imprimé une feuille de marche avec des extraits du message du pape, nous doutant que ce serait plutôt une aide pour réfléchir à la maison sur l’intelligence artificielle…

Heureusement, nous avons aussi perçu ce décalage comme une incitation à débuter l’an neuf par la paix intérieure. Comme si Jésus disait à chacun de nous: «Pose-toi. Laisse ma paix venir en toi. Reçois-là comme la Paix véritable, et non pas comme la fausse paix du monde. Rends-grâce maintenant. Alors, et alors seulement, tu pourras faire marcher ton intelligence…».

Aussi, nous nous sommes mis en route comme les mages: ils marchaient en vibrant intérieurement de la naissance d’un roi que toute leur science d’astronomes leur avait permis de prédire. Nous avons marché en silence, chacun à son pas, pour sentir en nous un cœur brûlant, brûlant de savoir, brûlant de connaître, brûlant d’émerveillement, comme le dit le pape François: «Nous nous réjouissons à juste titre et nous sommes reconnaissants pour les extraordinaires avancées de la science et de la technologie, grâce auxquelles d’innombrables maux qui affligeaient la vie humaine et causaient de grandes souffrances ont été corrigés.»
Nous avons laissé monter en nous les actions de grâce: pour la nature, pour le fait d’être ensemble, pour les bons moments que nous avons vécus. De toutes ces pensées positives, chacun a pu faire un bouquet de fleurs et, à la première pause, partager une fleur aux marcheurs réunis.
Les mages sont des savants qui ont découvert une étoile nouvelle, ce qui dans leur culture annonce un nouveau roi; ils ont fait un long chemin pour le vérifier. Car la science avance ainsi: observation, hypothèse, vérification (souvent par de longs calculs rigoureux), et ainsi de suite, nouvelle hypothèse, vérification, etc.

Nous avons repris notre marche en exerçant notre pensée critique et notre discernement, comme nous y invitait aussi le pape François.
Ce que je vois, ce que j’observe, va-t-il me rendre plus solidaire?
Ce que j’entends, ce que je lis, oriente-t-il sur le bien commun?
Qu’est-ce qui pourrait relever de la désinformation? Ou de la manipulation mentale?
Pourquoi cherche-t-on à m’orienter dans une direction que je n’aime pas?
Si je m’en rends compte, ai-je le courage de rompre? C’est ce qu’on fait les mages: comme ils se doutent qu’Hérode a de mauvaises intentions, ils repartent par un autre chemin.

Nous avons partagé toutes ces réflexions lors de la seconde pause en pensant à cette autre citation du pape François: «Le respect fondamental de la dignité humaine suppose de refuser que l’unicité de la personne soit identifiée par un ensemble de données. Il ne faut pas permettre aux algorithmes de déterminer la manière dont nous entendons les droits humains, de mettre de côté les valeurs essentielles de compassion, de miséricorde et de pardon, ou d’éliminer la possibilité qu’un individu change et laisse derrière lui le passé».

«Les mages virent l’enfant avec Marie, sa mère: tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui.» La troisième partie de la marche se terminait aussi devant la statue de Marie, à l’entrée de l’église de l’abbaye. Aussi avons-nous cheminé en pensant à la jeune fiancée qui, par son oui, permit au Créateur de nous montrer de quel amour fou Il nous aime, de nous montrer jusqu’où Il est capable de s’abaisser, non pas du fait de nos actes méritoires, mais dans Son infinie miséricorde, pour nous sauver. Comme Sa Parole fit sa demeure en son sein jusqu’à ce qu’elle mette au monde l’enfant, nous avons essayé de faire un peu de place en nous-même pour ressentir Sa présence, avant l’adoration.

Les sœurs étaient là, autour de mère Aline-Marie, pour nous accueillir. Elles avaient choisi une prière et disposé devant la Vierge une corbeille pour nous permettre de déposer nos actions de grâce ou nos intentions de prière. Elles avaient aussi préparé un succulent chocolat chaud, ainsi que des chocolats variés, produits de leur travail. Les vêpres ensemble ont conclues cette belle après-midi.

L’an prochain, rendez-vous à Castagniers le dimanche de l’Épiphanie. À 14h, départ de la prochaine Marche pour la Paix.

Pour la Pastorale des migrants et Pax Christi
Claude Seguin et Michel Lafouasse

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