[Communiqué de presse] Conférence des évêques de France
Vote par le Sénat de l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution. Télécharger la déclaration.

La Conférence des évêques de France (CEF) apprend avec tristesse le vote par les sénateurs du texte de révision constitutionnelle inscrivant dans la Constitution la garantie de la liberté d’accès à l’avortement, ouvrant la voie au Congrès qui se réunira lundi 4 mars prochain.

En pensant à celles et ceux qui envisagent de recourir à l’avortement, notamment aux femmes en situation de détresse, la CEF redit que l’avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes. Elle regrette que le débat engagé n’ait pas évoqué les dispositifs d’aide à celles et ceux qui voudraient garder leur enfant.

Alors que sont mises à la lumière les violences nombreuses faites aux femmes et aux enfants, la Constitution de notre pays se serait honorée d’inscrire en son cœur la protection des femmes et des enfants.

La Conférence des évêques sera attentive au respect de la liberté de choix des parents décidant, même en des situations difficiles, de garder leur enfant, et de la liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants, dont elle salue le courage et l’engagement.

Paris, le 29 février 2024

église catholique en france

[Communiqué de presse] Archidiocèse de Lyon
L’IVG dans la Constitution?

Le 30 janvier dernier, l’Assemblée nationale a donc voté en faveur du projet de loi visant à inscrire dans la Constitution la liberté de la femme à recourir à l’IVG.

En 1975, Simone Veil obtenait que l’avortement soit dépénalisé, tout en reconnaissant qu’il demeurerait toujours un drame. Depuis, tout semble avoir été fait pour faciliter et banaliser l’IVG. Les résultats sont là: 2023 vient d’établir le triste record de 234 300 IVG en France alors que la tendance est à la baisse partout ailleurs en Europe.

Si la loi était adoptée, la France mettrait au même niveau l’égale dignité de toute vie humaine – principe à valeur constitutionnelle – et la liberté d’accès à l’avortement. Comment expliquer une telle contradiction?

Une des explications est liée, selon moi, à la succession des lois dites sociétales votées en France depuis quelques dizaines d’années. Celles-ci, en effet, se focalisent sur des droits individuels en oubliant ou en sous-estimant leurs portées sociales. Or la cohésion sociale ne peut que se dégrader –n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui?– si on se contente de définir des droits individuels sans restituer la personne dans le jeu des relations qui la constituent.

Est-il juste de faire peser sur les seules épaules des femmes enceintes une question aussi grave? Comment pouvons-nous reléguer à la seule sphère privée une option touchant au respect du plus fragile? Cette option définit en effet, pour une part, le modèle de société que nous souhaitons, et engage notre avenir.

N’est-ce pas également la société tout entière qui devrait porter le souci des femmes enceintes dans des conditions difficiles, de celles qui ont besoin d’être soutenues dans leur maternité, ou encore de celles se retrouvant dans une douloureuse solitude après avoir fait le choix d’une IVG?

Nous sommes en réalité tous concernés par la question de l’IVG. Mais le débat est-il encore possible ? Il devient difficile aujourd’hui de s’exprimer sur ce sujet sans prendre le risque de devenir une cible médiatique. Beaucoup de personnalités publiques ont d’ailleurs déserté le débat. Que deviendra ce dernier si la loi venait à être adoptée? La liberté d’expression sera-t-elle garantie? Et la liberté de conscience?

Certains craignent que l’opinion publique sur l’avortement ne change. Verrouiller définitivement les choses pour anticiper une telle hypothèse, n’est-ce pas un déni de démocratie?

J’ose croire, quant à moi, que le jour viendra où la lumière se fera sur cet angle mort de notre conscience collective. Telle est mon humble espérance!

+ Olivier de Germay,
Archevêque de Lyon,
27 février 2024

diocèse de lyon