Servir la soupe dans la rue est l’une des actions essentielles de Mir, association fondée en décembre 1991 par le père Patrick Bruzzone. Chaque lundi et samedi soir, environ 300 repas sont donnés à des personnes en difficulté économique et sociale, sur deux points fixes de la ville de Nice. Les autres jours de la semaine, d’autres associations prennent le relai. De plus, Mir distribue près de 150 repas, le samedi soir, grâce à une maraude.

Mir

Confection des sandwiches le matin avec des bénévoles de longue date
Rose, Marianne, Rita et Vida entourent “Padre”, le père Patrick Bruzzone (Photo©AssociationMir).

«Je suis arrivée par une connaissance qui m’a dit qu’elle allait distribuer la soupe dans les rues, et rapidement j’ai été captée par ce moment. Il y a de la chaleur, des sourires, c’est un moment privilégié de partage où l’on reçoit beaucoup plus que ce qu’on donne.» Frédérique Tanguy est bénévole à Mir depuis 2013. Si, petit à petit, elle s’est investie dans des tâches administratives et différents services, tout a commencé par la soupe. «On est avec des personnes qui n’ont rien à voir avec celles que j’aurai pu rencontrer dans mon quotidien. Elles viennent, elles sont là pour manger, se poser, discuter. Je suis très admirative parce que je trouve qu’elles ont un courage, une force, une résilience, même quand elles sont dans des situations inextricables.»

Vivre ces moments de partage demande une logistique dont le cœur névralgique bat dans le quartier de L’Ariane. Au numéro 6 de la place de l’église, dans une ancienne chapelle, est installée depuis 2014 l’épicerie sociale «Le Panier de Marie», ouverte du lundi au samedi matin. Plus de 200 foyers (environ 750 personnes) en bénéficient aujourd’hui, orientées en raison de leur faible reste à vivre. Pour alimenter les rayons de l’épicerie, des chauffeurs salariés font des «ramasses», des collectes, plusieurs fois par semaine dans des magasins du département; ils se rendent aussi à la Banque alimentaire. Mais le contexte est difficile.

«Il y a une précarité grandissante, une forte demande depuis le Covid et l’augmentation du coût de la vie. Les magasins sont sollicités par de plus en plus d’associations. Par ailleurs, ils mettent souvent en place des opérations ‘produits derniers jours bradés’. Il y a donc moins de produits invendus, des produits moins qualitatifs et une pénurie de certains aliments comme le lait, les fruits, les légumes.» Or, les produits récupérés sont à la base des repas servis dans la rue: sandwiches, plat chaud (la soupe), salade de fruits sont composés chaque lundi et samedi par des bénévoles qui se retrouvent, dans la bonne humeur, le matin pour certains, l’après-midi pour d’autres. Et si, vous aussi, donniez de votre temps à leurs côtés?

Denis Jaubert

Soupe et salade de fruits en préparation (Photos©DenisJaubert).

TÉMOIGNAGES (recueillis un lundi après-midi autour de la préparation de la soupe et la salade de fruits)

Fatima rend service depuis trois ans. «J’habite à L’Ariane, je suis très contente d’aider les gens. Je viens le lundi, le samedi; le soir, je vais servir les salades de fruits.» 

Jocelyne est bénévole depuis qu’elle a pris sa retraite, il y a sept ans. «C’est une amie, Shirley, qui m’a dit de venir. Je suis venue et je suis restée. Les gens nous remercient le soir comme si on avait fait des miracles. Mais on a fait juste un peu de bien. J’en connais beaucoup, ils sont contents que je me rappelle d’eux, que je les appelle par leur prénom. Je leur demande des nouvelles. Il y a des mamies qui viennent; et des petits jeunes que je gronde gentiment quand ils boivent un peu, ils m’appellent nonna, comme si j’étais leur grand-mère.»

Maria est bénévole depuis dix ans. «Quand il y a besoin de moi, je suis toujours là. J’aime bien aider quelqu’un qui a besoin de nous; et là, on vient avec plaisir, avec amour, et avec beaucoup de courage. Le premier jour où je suis partie à la rue donner la soupe, quand je suis rentrée à la maison j’ai pleuré. Dans la vie, ce n’est pas toujours rose, ça me fait mal au cœur quand il y a des enfants.» Le dernier samedi du mois, une équipe de Capverdiens s’occupe du plat chaud (canja): achat des aliments, préparation et distribution.

Sony travaille la nuit. Depuis deux ans, il rejoint chaque lundi l’équipe de l’après-midi. «Une fois par semaine, je fais la soupe, une bonne soupe.» C’est en entendant les annonces à la messe qu’’il s’est engagé. Une façon pour lui de partager avec des personnes dans le besoin, celles qui rencontrent des difficultés à se nourrir. «Vu que le soir je n’ai pas le temps d’aller à la distribution, je leur donne au moins de mon temps en faisant la cuisine pour elles.»

Depuis plusieurs années, généralement le dernier samedi du mois, le bus-chapelle «Notre-Dame de la Rue» accompagne la distribution de l’association Mir. Une messe y est célébrée à la fin de la soirée. En 2024, l’évêque de Nice est venu présider la messe des Rameaux (Photo©AssociationMir).

 

Autres lieux d’actions de Mir

 Sospel: la ferme Saint-Benoît –site historique et propriété de l’association, avec ânes, moutons, poules…  –accueille jusqu’à 6 hommes dans 2 chambres. Ce sont des personnes qui souvent ont connu des parcours de rue, des problèmes d’addiction. Créer du lien, notamment avec les habitants du village, est l’un des points à améliorer. La Maison Saint-Joseph accueille 27 personnes dans 7 chambres, principalement des familles –femmes ou couples avec enfants– sur orientation du 115, le numéro d’urgence sociale. Il s’agit de places d’accueil d’urgence (PAU). Tout autour, une plantation de 520 oliviers nécessiterait de mettre en place une équipe bénévole pour son entretien.

Nice: l’hôtel social «Auberge Sainte Marie-Madeleine»: ouvert depuis le 1er septembre 2021, il permet l’accueil de 65 personnes dans 20 chambres.

Menton: l’ouverture d’un lieu d’accueil «Comme à la maison» est en préparation.

Association Mir

6, place de l’église de l’Ariane 06300 Nice
associationmir.fr
Tél. 04 22 49 00 00