Les reliques de saint Thomas d’Aquin ont été accueillies dans le diocèse du 21 mai au 2 juin 2024, chez les dominicains de Nice. Vénération, conférence et veillée de prière ont rythmé ce temps fort. Une exposition accompagnait l’ensemble pour retracer la vie de saint Thomas d’Aquin et expliquer la symbolique des reliques. Photos et vidéo: Faniry Ramanantoanina.

Chronologie

1225    Naissance de Thomas, fils du comte d’Aquin, à Roccasecca
1230-1239    Oblat à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin
1244-1248    Rejoint les Dominicains à Naples ; puis études à Paris
1248-1252    À Cologne avec Albert le Grand
1252-1259    Enseignement à Paris
1261-1265    Lecteur du couvent d’Orvieto, ville où réside la Curie pontificale
Office du Saint-Sacrement et achèvement de la Somme contre les Gentils
1265    Thomas d’Aquin désigné pour ouvrir un studium à Rome
Commencement de la Somme théologique, inachevée à sa mort
1269-1272    Second enseignement à Paris
1273    Régent des études à Naples. En décembre, il cesse d’écrire.
1274    7 mars: sur le chemin du concile de Lyon, il décède à Fossanova (Latium) et y est inhumé.
1317    Nomination d’un promoteur pour obtenir la canonisation de Thomas d’Aquin
1323    18 juillet: canonisation en Avignon par Jean XXII
1369    28 janvier: arrivée des reliques de saint Thomas d’Aquin à Toulouse
1385    Dédicace de l’église des Jacobins de Toulouse sous le vocable de saint Thomas d’Aquin
1567    Constitution Mirabilis Deus de Pie V proclamant saint Thomas docteur de l’Église
1923    Déclaration de Pie XI établissant saint Thomas docteur commun

Un maître qui est peu allé à l’école

En raison de sa vocation d’abord contrariée et de son intelligence exceptionnelle, la formation de Thomas d’Aquin est peu représentative de celle d’un dominicain au XIIIe siècle.
L’abbé du Mont-Cassin, où Thomas avait reçu sa formation primaire et secondaire d’oblat, l’envoya au studium de Naples pour les études supérieures. Le cursus n’y était pas programmé mais placé sous la direction d’un tuteur. En plus des arts libéraux (grammaire, logique, rhétorique), ce centre se distinguait par la place qu’y occupaient la philosophie de la nature et la métaphysique aristotéliciennes. C’est à Paris que Thomas reçut ensuite son instruction dominicaine, avant de partir à Cologne avec Albert le Grand pour approfondir la théologie.

«La sagesse est un esprit ami des hommes» (Sg 7,27)

Thomas ne cessa jamais d’intégrer à sa pensée l’apport des philosophes non chrétiens, à mesure que leurs traductions nouvelles lui parvenaient.
Au studium des arts de Naples, Thomas bénéficia en primeur des traductions d’Aristote et de ses commentateurs juifs et arabes réalisées à la cour de Frédéric II. Initié aux méthodes rigoureuses des philologues siciliens, Thomas préféra les commentaires littéraux d’Aristote par Averroès aux paraphrases platonisantes d’Avicenne. Il n’a jamais délaissé l’étude de la philosophie, et ne s’est pas limité non plus à l’aristotélisme. Jusqu’à la fin, il accrut son érudition avec Maïmonide et Proclus, au nom même de l’approfondissement de sa théologie.

Un homme de rencontres

Les capitales où séjourna Thomas le mirent en relation avec les plus importants personnages de son temps.
Naples, Cologne, Paris, Rome, Orvieto: la vie adulte de Thomas s’est déroulée dans les principales villes de l’Europe, lieux de rencontres dont il profita pleinement, même accaparé par une recherche intellectuelle d’une intensité unique. Il fréquenta la table de saint Louis, fut l’ami intime du pape Urbain IV à Orvieto, stimula le traducteur d’Aristote Guillaume de Moerbeke. Ce penseur fut aussi prédicateur général, participa à de nombreux chapitres et mourut en se rendant à un concile. Se le figurer comme un «rat de bibliothèque» est erroné.

Honorer le corps des saints – Reliques et reliquaires

Les reliques sont les restes d’un saint, autrement dit ce qui subsiste de son corps. Par respect mais aussi par admiration de l’exceptionnelle valeur de la vie du saint, elles sont l’objet d’attention et de vénération.
La question fondamentale et sous-jacente est celle de l’appartenance du corps d’un défunt. À qui reviennent ses restes? Nombreux furent ceux à user d’arguments divers pour obtenir la garde des reliques de saint Thomas, avant et après sa canonisation en 1323. En 1368, le pape Urbain V trancha en faveur de l’envoi à Toulouse de tout ce qui n’avait pas été dispersé. Le 28 janvier 1369, les reliques de saint Thomas furent solennellement introduites dans la cité et placées dans l’église des Jacobins. Les vicissitudes de l’Histoire ne les ont pas épargnées.