Lieu d’accueil, de prière, d’écoute et de réconciliation, de ressourcement spirituel… Au sanctuaire diocésain Notre-Dame de Valcluse à Auribeau-sur-Siagne, la communauté des Béatitudes accueille visiteurs et pèlerins tous les jours. Depuis début novembre 2021, deux nouveaux rendez-vous s’inscrivent dans son agenda: «L’ABC de la Foi» et «1 heure pour Dieu».
Samedi 27 novembre, 16h. Dans la salle des ex-voto, les participants à L’ABC de la Foi ont pris place face au père Emmanuel-Marie Alexandre, recteur du sanctuaire depuis son arrivée en 2013. La première heure de cette proposition, lancée trois semaines plus tôt, est dédiée à l’enseignement. Après “Dieu se révèle aux hommes”, “Je crois”, “Je crois en Dieu”, le thème de jour est “Dieu Créateur du ciel et de la terre”. La rencontre s’ouvre par un chant au Saint-Esprit, rythmé par le grincement des chaises, suivi de la récitation du Je vous salue Marie. «Vous avez apporté vos Bibles? questionne ensuite le recteur. Moi, j’ai oublié la mienne.» Sourires.
Trente-et-une personnes sont présentes dont une grande majorité de femmes; des cheveux blancs et des jeunes adultes. Yohan et Fabrice, trentenaires en activité professionnelle, viennent de Cannes et Sophia Antipolis; le premier fréquente le sanctuaire plusieurs fois par semaine; le second y retourne depuis quelques mois après l’avoir découvert adolescent avec ses parents. «C’est un lieu où on crée beaucoup de rencontres, de partage. On a décidé ensemble de lancer ce projet avec le père Emmanuel-Marie.» Car tous deux font partie des fidèles qui ont initié L’ABC de la Foi, en exprimant au recteur un besoin de formation fondamentale. «Ce n’est pas de la théologie, c’est un rappel de notions de base de notre foi catholique, un enseignement accessible à tout un chacun.» «Ça permet aussi de faire fructifier tout ce qu’on a pu démarrer au préalable dans notre démarche de vie spirituelle.»
“Par de nombreux aspects, nos sanctuaires sont irremplaçables parce qu’ils conservent vivante la piété populaire, en l’enrichissant d’une formation catéchétique qui soutient et fortifie la foi tout en alimentant en même temps le témoignage de la charité” pape François, 29 novembre 2018. Lorsqu’il a été sollicité par des jeunes et encouragé à mettre en place une catéchèse, le père Emmanuel-Marie Alexandre s’est rappelé ces mots du pape aux participants du premier congrès international des recteurs et des agents des sanctuaires. «Je me suis dit qu’effectivement la formation fait partie de notre accompagnement, il faut former ces jeunes qui en sont restés à la catéchèse de l’enfance; surtout que nous recevons beaucoup de gens qui sont recommençants, loin de l’Église, attirés par le cadre du sanctuaire, par la piété populaire. Il faut pouvoir les aider à se fortifier dans la foi. Donc, j’ai ressorti mes cours que j’ai donnés en Afrique à des jeunes de première et terminale, car j’ai fait de l’initiation à la théologie dans les moyens séminaires.»
Mais L’ABC de la Foi ne se résume pas à ce seul enseignement, il est en même temps une initiation à la prière avec, à 17h, l’adoration du Saint-Sacrement dans l’église (et proposition de confessions); à 18h, les vêpres selon le rite byzantin, et à 19h un temps de danses d’Israël pour prier avec son corps. Avant, de 20h à 21h, le partage du repas apporté par chacun. Si certains ne restent pas jusqu’au bout, Yohan et Fabrice essayent de vivre l’intégralité de l’ABC.
En cet fin d’après-midi, nous croisons aussi Maryse, retraitée. Elle vient au sanctuaire Notre-Dame de Valcluse en voisine, principalement à pied ou à vélo, et trouve que c’est un bon plan de consacrer à Dieu le temps qu’elle a, pour se ressourcer. Elle a participé aux quatre premiers samedis de L’ABC de la Foi et remercie les organisateurs. «On a tout à gagner à s’enrichir de la Bible. Parce qu’en fait, enfin en ce qui me concerne, je suis très pauvre sur la question et ça me permet d’éclairer ma foi. Ça demanderait un peu plus d’échanges peut-être par la suite, je pense qu’on viendra à ça, d’échanges sur “nos interrogations”. C’est un risque à prendre de leur part dans le sens où plus on va titiller une connaissance et plus ça va nous poser des réflexions, soulever des interrogations en nous. Même si, à un moment donné, il faut lâcher le raisonnement, s’abandonner à ce que la foi représente : être en amour avec Dieu, être beaucoup plus dans l’adoration. Ça demande une sagesse.»
Au sanctuaire, la communauté des Béatitudes compte treize membres (trois frères dont deux prêtres, quatre sœurs consacrées, six laïcs) ainsi qu’un familier (une personne accueillie). Un conseil est composé de quatre personnes (les responsables de chacune des trois branches et une sœur secrétaire). Il se réunit chaque vendredi. «Quand on a une idée, on la soumet d’abord au conseil », précise le recteur. Les points vus par le conseil, validés ou pas, sont présentés et discutés en réunion communautaire, le mardi, avec tous les membres. C’est ainsi qu’a été trouvée l’appellation L’ABC de la Foi, que son déroulement a été défini puis des ajustements apportés, comme le passage du rythme hebdomadaire en novembre à un rythme mensuel à compter de décembre.
Autre nouveauté, lancée en novembre 2021, 1 heure pour Dieu, une école d’oraison. «C’est pour initier les participants à une prière plus profonde que le fait de réciter des prières toutes faites. Je les introduis à l’esprit des maîtres du Carmel, saint Jean de la Croix, sainte Thérèse d’Avila, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Et j’ai été étonné: à la première rencontre, il y avait soixante personnes à 20h! Je m’attendais à en trouver dix ou vingt.» Animée par le père Emmanuel-Marie Alexandre et Gilbert Fernandes, tertiaire du Carmel, cette heure pour Dieu a lieu le premier mercredi du mois de 20h à 21h (le deuxième en mars 2022). Au programme: enseignement de 25 minutes, questions/réponses et mise en pratique de l’oraison devant le Saint-Sacrement. «Une oraison essentiellement silencieuse, agrémentée de quelques paroles pour aider à entrer dans la prière. C’est le cœur à cœur avec Dieu.»
Allier piété populaire, formation à la foi, prière et charité, accueil et convivialité -et essayer de les vivre- est ainsi le but de toutes les activités proposées dans le sanctuaire diocésain Notre-Dame de Valcluse. Y prendre part est, pour Yohan, l’occasion de «marquer un temps d’arrêt dans le tumulte de la vie effrénée du monde, du travail, où règne le stress, l’individualisme et la course au matérialisme. Souvent on se recharge les batteries le week-end pendant la messe, les offices.» «Ça permet de s’ouvrir l’esprit», ajoute Fabrice qui a aussi participé à des conférences organisées certains dimanches avec des intervenants extérieurs. «Et on essaye, autant que possible, de transmettre ce qu’on reçoit ici, ce qu’on apprend, à des personnes qu’on rencontre, qui seraient curieuses de venir au sanctuaire.»
Denis Jaubert
“L’Envolée de petites colombes”, un mouvement fraternel
Le mouvement “l’Envolée de petites colombes” prend ses racines au Canada avec sa fondatrice Johanne Maltais. Une Envolée, ce sont sept personnes, les “petites colombes”, qui s’engagent à porter un prêtre de leur diocèse dans la prière. Chacune prie un jour précis de la semaine, chaque jour correspondant à l’un des sept dons de l’Esprit Saint (sagesse, intelligence, conseil, force, science ou connaissance, piété et crainte de Dieu). «J’ai connu ce mouvement dans un autre diocèse, raconte Christine Midan, référente du mouvement dans le diocèse de Nice. Ça m’a beaucoup touchée. Demander à l’Esprit Saint de venir visiter le cœur du prêtre.»
Depuis quelques années, souvent de bouche-à-oreille, des Envolées ont vu le jour dans le diocèse de Nice; aujourd’hui plus de soixante prêtres sont concernés par ces chaînes de prière pour un soutien dans leur ministère. Si tous ne sont pas au courant, il est fait en sorte que les petites colombes connaissent le prêtre auquel elles apportent un soutien spirituel, que des liens se créent.
Encouragé par Mgr André Marceau, le mouvement a connu, en 2021, une nouvelle étape, du fait de son ancienneté dans le diocèse de Nice. Depuis octobre, le premier samedi du mois, les membres des Envolées sont invités à se retrouver. Le sanctuaire Notre-Dame de Valcluse, où est venue la fondatrice Johanne Maltais il y a quelques années, a accepté d’accueillir ces rencontres. De 14h à 17h, chapelet et confessions, messe en l’honneur de la Vierge Marie, adoration du Saint-Sacrement, prières d’intercession pour le ministère des prêtres et verre de l’amitié sont au programme. Le père Daniel Lacouture, membre de la communauté des Béatitudes, est l’aumônier du mouvement dans le diocèse. «C’est beau de voir participer à cette prière des fidèles laïcs, pour les prêtres du diocèse de Nice qu’ils portent à longueur de temps. C’est un apostolat de la prière, un beau témoignage ecclésial de communion, laïcs et prêtres.»
«in Christo» : partager une vie fraternelle
Mettre en place une fraternité in Christo n’est pas propre au sanctuaire diocésain Notre-Dame de Valcluse. Cette proposition émane de la communauté des Béatitudes, communauté nouvelle née dans l’Église catholique à la suite du Concile Vatican II et dans la mouvance du Renouveau charismatique. Au sanctuaire diocésain, à Auribeau-sur-Siagne, Jean et Laetitia Evesque -laïcs mariés membres de la communauté depuis 2004, engagés définitifs depuis sept ans- sont référents d’in Christo. «En tant que membres laïcs, nous avons un engagement à la prière assez intense, mais pas autant que les membres consacrés; car notre vocation de laïcs nous oblige à travailler, à être dans le monde. Nous avons à trouver les moyens de prier dans le monde, là où nous sommes.» La fraternité in Christo dont ils sont référents compte environ dix personnes. La seule exigence: le désir commun de grandir dans une intimité avec le Christ. Depuis septembre 2021, elle se réunit le samedi après-midi une fois par mois : temps d’accueil, temps de prière (louange), temps d’enseignement, temps de partage de vie spirituelle. «Une rencontre doit être courte, une heure trois-quarts maxi, c’est très chronométré (…) Dans le parcours, il y a des liens qui se tissent. C’est une vie d’Église.»