Prière et recueillement ce lundi 25 avril au soir en l’église Saint-Pierre d’Arène à Nice. À 18h, une messe y était célébrée, au lendemain de l’agression du père Christophe Rudzinski, toujours hospitalisé, et de sœur Marie-Claude, présente à la célébration la main gauche dans le plâtre. Une messe, comme l’indiquait la feuille de chants, «en demande de pardon pour ce geste ‘injurieux’ dans notre église et en remerciement pour la bravoure de nos paroissiens et l’efficacité des services de secours et de police».

«N’aie pas peur, a chanté l’assemblée pour entrer dans la célébration. N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ, Laisse-toi regarder car Il t’aime.» Pour le père Gil Florini, curé de la paroisse Saint-Ambroise et doyen de Nice-centre -rencontré quelques minutes avant la messe- « il y a nécessité, je crois, à rassurer les gens et à leur dire que la vie ce n’est pas sans risque, y compris la vie des chrétiens. L’église est ouverte, il y a des fleurs, vous pouvez entrer pour prier. Jésus-Christ est là, Il est là aussi pour vous. » À ses yeux, il était essentiel de ne pas attendre pour célébrer de nouveau dans l’église. « La vie continue. Certes il y a des blessés ; certes il a fallu laver le sang. Il n’empêche qu’aujourd’hui le soleil s’est levé, et Jésus-Christ est notre soleil levant. Il faut y croire et montrer aux gens qu’on y croit. Avec Yves-Marie (le père Lequin, dominicain, vicaire à la paroisse, ndlr), nous avons passé la journée, quasiment, dans l’église à accueillir les gens qui passaient, à leur dire pourquoi on avait ouvert, pourquoi ce n’était pas fermé, pourquoi il fallait célébrer ce soir. C’est important pour enlever, ou du moins essayer de désamorcer, toutes les peurs qui peuvent s’installer, et toutes les fausses informations qui peuvent circuler.»

Au cours de la messe, le père Yves-Marie Lequin a prononcé l’homélie, mettant en avant l’espérance, la résistance et la confiance. «Car l’espérance ne va pas seule, ne chemine pas toute seule (…) Elle est accompagnée de deux choses importantes et qui sont plus particulièrement vécues dans cette église Saint-Pierre d’Arène, dans la paroisse Saint-Ambroise.» «Quand on porte l’espérance au cœur, on a envie de résister, a-t-il expliqué. Et nos églises humaines sont des lieux de résistance (…) Avoir une parole forte quand c’est nécessaire, courageuse quand c’est nécessaire, quitte à être à contre-courant.» Puis la confiance, dans un lieu ouvert, dans un lieu d’accueil: «que tout le monde soit le bienvenu, quel qu’il soit, et encore une fois avec cette confiance dans ceux qui rentrent, avec parfois aussi le risque de la confiance.»

Espérance, résistance, confiance: trois mots qu’incarne sœur Marie-Claude. Agressée la veille lorsqu’elle a porté secours au père Christophe, elle a pu participer à la messe peu après être sortie de l’hôpital. Son sourire a illuminé ses réponses aux questions des journalistes. Elle rend grâce au Seigneur. «Depuis 72 ans que je vis avec Lui, Il ne m’a pas déçue.» Et dit prier pour l’agresseur, cet homme qu’elle avait déjà rencontré, connu de la paroisse, qui a été hospitalisé dans une unité psychiatrique.

Lundi, avant la messe, en fin d’après-midi, les enfants du catéchisme ont fait des dessins avec des petits mots pour le père Christophe; des dessins présents devant le chœur durant la célébration. «Bonne santé», «Je prie pour vous père Christophe», «Bon rétablissement on t’attend tous», «J’ai hâte que vous reveniez»… La vie continue.

Denis Jaubert