Le Secours catholique-Caritas France a publié, mardi 14 novembre 2023, son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. Il en ressort que les femmes sont souvent les premières victimes de la pauvreté, «qu’elles soient jeunes, en rupture familiale, travailleuses précaires, cheffes de famille ou encore femmes âgées».
Le rapport du Secours catholique s’appuie sur l’étude de 49 250 fiches statistiques contenant des informations sur la démographie, la situation face à l’emploi, les ressources et conditions de vie des personnes rencontrées en 2022 dans les 72 délégations de l’association. 59 700 bénévoles, répartis dans près de 2400 lieux d’accueil, ont rencontré 1 027 500 personnes. Ce sont 552 400 adultes et 475 100 enfants qui ont ainsi été accompagnés.
Parmi les constats, il y a la surreprésentation des ménages composés d’un seul adulte, avec ou sans enfants. Les femmes sans conjoint représentent 46,6% des ménages rencontrés par l’association en 2022 en France; 45,2% dans les Alpes-Maritimes; les hommes seuls 25% (25,7% pour la délégation des Alpes-Maritimes), et les pères isolés 3,3% (2,6% dans notre département). En 2022, 94 % des enfants connus du Secours catholique vivaient dans une famille où se trouvait une femme.
95% des personnes rencontrées sous le seuil de pauvreté
Le rapport observe «une nette aggravation de la pauvreté en 2022, dans un contexte de forte inflation sur l’alimentation et l’énergie». Ainsi, le niveau de vie médian des ménages rencontrés a baissé de 7,6% en un an. Il s’établit à 538 euros par mois en 2022 (600 euros dans les Alpes-Maritimes), soit 18 euros par jour pour subvenir à tous les besoins dont le logement. 538 euros, soit la moitié du seuil de pauvreté estimé à 1211 euros en 2022. Le logement reste le premier poste d’impayés (facture de loyer et/ou énergie) pour 56,2% de ces ménages dans les Alpes-Maritimes.
Pour une société qui prenne soin
Parmi ses recommandations et convictions, le Secours catholique partage avant tout: «Ce qui nous rend vraiment humain, c’est la relation à l’autre, l’attention portée à ce qui l’anime, à ce qui l’ébranle. […] Les femmes sont en première ligne de cette société du prendre soin. Malmener celles qui le font malgré les violences, les ruptures, la misère, l’exil, c’est mettre à mal notre humanité, et la fraternité pourtant inscrite dans notre devise nationale.
Ce n’est pas une fatalité. Le Secours catholique comme les associations de solidarité se tient aux côtés des personnes en difficulté, et appelle toutes celles et ceux qui ont du temps, du cœur, de l’argent à nous rejoindre. Pour autant, l’aggravation de la pauvreté à l’œuvre dans notre pays le rappelle: les associations n’ont ni les capacités, ni la vocation de suppléer les défaillances de l’action publique. […] Une société qui prend soin, c’est d’abord une société qui protège et valorise le soin, mais aussi les personnes qui le prodiguent – et donc avant tout les femmes, même si on peut le regretter.»