Cette année, le chanoine Henri Toche fête ses cinquante ans d’ordination presbytérale. C’est en effet le dimanche 25 juin 1972, la veille de son anniversaire, que Mgr Jean Mouisset l’a ordonné prêtre en l’église Notre-Dame de Bon Voyage à Cannes. Son témoignage est à découvrir dans le numéro du mois de mars d’Église des Alpes-Maritimes (n°97). Pour aller plus loin, le père Toche nous partage une composante essentielle de son quotidien: la lecture.

prêtre nice

«Heureusement que j’ai ça, confie le père Toche en évoquant la lecture qui l’occupe au quotidien. Sinon, qu’est-ce que je ferais toute la journée?»

Lire l’office, évidemment. «J’ai acheté une Bible en 1 an, c’est protestant. Tous les jours, tu as l’Ancien Testament, un psaume, le Nouveau Testament. Tu commences le 1er janvier, tu termines le 31 décembre. Et dans l’année tu auras lu toute la Bible.» Ouvrir le journal, Nice-Matin au petit-déjeuner, Le Figaro après le déjeuner. Parcourir des revues comme Pardès, Études et culture juives. «Ça, c’est très difficile.» Et se plonger dans de nombreux ouvrages, principalement des essais qu’il partage autour de lui. «J’ai apporté une dizaine de livres à la nouvelle supérieure des Clarisses. Je les lui ai présentés, avec sœur Marie-Colette qui est une très bonne lectrice. On avait lu ensemble Alain Badiou, La fondation de l’universalisme chez Saint Paul; on lui avait écrit et il nous avait répondu.»

Souvent, ses lectures lui ont été conseillées par un confrère, tel le père Sylvain Brison ou le père Patrice Véraquin. C’était le cas pour Vraie et fausse réforme dans l’Église d’Yves M.-J. Congar. «Introuvable. Gilles Bouis (archiviste et bibliothécaire diocésain, ndlr) m’a dit: ‘J’en ai deux exemplaires à la bibliothèque, je vous en donne un.’ Un livre qui a été écrit en 1950. Congar, quelle classe!» Sans oublier les notes de bas de page qui renvoient à un auteur, à un ouvrage. «Je vais acheter l’auteur signalé.» Ou les rubriques du Figaro qui lui ont fait découvrir des écrits sur Luther ou Mahomet. «Sur Dieu, les meilleurs ce sont les juifs, les meilleurs théologiens actuels.»

À Nice, sa seconde maison est la librairie La Procure, aujourd’hui située rue Vernier. «Guy, c’est lui qui m’a fait lire le Goncourt 2019 de Jean-Paul Dubois (Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, ndlr). Qu’est-ce que c’est bien écrit. Moi, je fais confiance comme ça à des gens.» Alors si l’envie vous en prend, conseillez mais n’offrez pas un livre au père Toche. «Je refuse de lire un livre que je n’ai pas choisi. Je n’ai pas de temps à perdre.» Les romans se font rares chez lui. «Parce que je ne supporte pas de commencer un livre à la page 1 et de terminer à la page 252. Un livre, je l’achète, je regarde la table des matières, je vais là où ça m’intéresse. Si ça m’intéresse, je lis le livre. Si ça ne me plaît pas, je ne le lis pas.» Ainsi soit-il.

Denis Jaubert