Évêque de Nice de 1963 à 1984
Doté d’une intelligence profonde et d’un esprit vif, Jean Mouisset fait preuve, dès sa prime jeunesse, de capacités et d’aptitudes aux études et à la réflexion. Après ses mathématiques spéciales à Nîmes puis à Paris, il est reçu à la prestigieuse École polytechnique en 1929. Il débute ainsi une carrière d’officier qui va durer près de quinze ans. Dès le commencement de la seconde guerre mondiale, le capitaine d’artillerie Mouisset part au combat et prend le commandement d’une batterie sur le front belge. Après la déroute de 1940 et le repli des armées, il embarque à Dunkerque pour le Royaume-Uni. En congé d’armistice, il entre aux Chantiers de jeunesse. Le «chef Mouisset» va diriger l’École régionale des chefs de chantiers de Provence au Lavandou jusqu’en 1943. L’année suivante, avant même la fin des hostilités, l’officier demande sa mise en disponibilité et entre au Grand séminaire de Marseille, répondant ainsi à une vocation de jeunesse.
Sous les conseils de Mgr Delay, il étudie la théologie au séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux et achève ses études au séminaire universitaire de Lyon. Ayant opté pour le service du diocèse de Marseille, Jean Mouisset est ordonné prêtre le 12 mars 1949 à l’âge de 40 ans. Vicaire de 1949 à 1954 à la paroisse de la Trinité (La Palud) à Marseille, il s’emploie à transmettre la foi aux enfants par l’enseignement du catéchisme. Nommé directeur diocésain de l’enseignement religieux, il rédige à cet effet en 1957 des Instructions catéchistiques pour adultes. Un an plus tard, Mgr Delay le nomme supérieur du Petit séminaire de Marseille et le charge de suivre la question du catéchuménat. Il s’intéresse tout particulièrement au mystérieux dessein de Dieu sur les jeunes, la naissance et l’épanouissement des vocations.
Les multiples qualités d’administrateur et de pédagogue dont il fait preuve jusqu’alors lui permettent d’accéder à l’épiscopat en 1962. C’est sur les bords de la Méditerranée que Mgr Mouisset est nommé en qualité d’évêque coadjuteur de Nice aux cotés de Mgr Paul Rémond. Le nouvel évêque reçoit l’ordination épiscopale des mains de Mgr Lallier, le 29 septembre 1962, en la cathédrale de Marseille et part, quelques jours plus tard, représenter le diocèse de Nice au concile Vatican II.
Selon les principes du coadjutorat, la mort de Mgr Rémond -le 24 avril 1963- coïncide avec le début de son épiscopat. Sûr de sa formation, le nouvel évêque ne ménage pas ses efforts pour moderniser en profondeur la structure générale de son diocèse. Il réorganise les doyennés en zones pastorales afin de répartir son clergé sur un territoire inégalement peuplé et engage une vaste réforme qui vise à rééquilibrer l’organisation financière en mettant en place la péréquation (uniformisation des ressources des prêtres avec taxe sur les paroisses). Il est également à l’origine d’une campagne diocésaine des Nouvelles églises (constructions de lieux de culte et de centres paroissiaux dans les quartiers neufs nés de l’explosion démographique de la Côte d’Azur). Dans le domaine missionnaire, Mgr Mouisset propose à ses diocésains une coopération sous forme de jumelage avec Diébougou (Haute Volta) en donnant 1% du budget du diocèse de Nice à ce diocèse africain afin qu’il puisse se développer économiquement et socialement.
Façonné par les enseignements du concile, Mgr Mouisset est particulièrement attentif à la Constitution pastorale «Gaudium et spes». En effet, il est convaincu que l’Église doit être au service des hommes et du monde moderne dans le respect de l’annonce de l’Évangile. Pour cela, il multiplie les initiatives en matière de pastorale et tente de répondre aux besoins d’un diocèse cosmopolite et en pleine mutation: mise en place d’une aumônerie des étudiants (création de l’université de Nice en 1965), de la pastorale du tourisme, d’un dialogue œcuménique (création de la Tente de l’unité en 1977) et de relations interreligieuses… Dans le domaine de la liturgie, l’application de la réforme conciliaire (messe de Paul VI) contraint Mgr Mouisset à faire valoir toute son autorité face au refus de catholiques traditionalistes (notamment à Théoule-sur-Mer en 1977).
Sur le plan national, l’épiscopat français le charge de suivre plusieurs questions relatives au diaconat permanent (1965) et aux relations avec le monde carcéral (1973). Toutes ces actions restent fidèles aux engagements et aux valeurs auxquelles il croyait: respect de la personne humaine, justice et équité sociale, droiture et loyauté, devoir envers son prochain.
Extrait de la notice du Dictionnaire des évêques de France au XXe siècle, sous la direction de Dominique-Marie DAUZET et Frédéric LE MOIGNE, Cerf, Paris, 2010.
Gilles BOUIS
Devise : Testimonium de lumine
« Rendre témoignage à la lumière » (Jean 1, 7)
D’or à la croix d’azur chargée de six fasces ondées d’argent, cantonnée de quatre éperviers éployés de gueules.
L’écu repose sur la croix épiscopale. Celle-ci est figurée par quatre fers de lance, alternées d’épées. Au milieu rayonne l’étoile, la «lux de luce», la lumière divine.
Le blason évoque d’abord le nom patronymique de l’évêque: Mouisset, c’est-à-dire l’épervier. Cet épervier, quatre fois répété, aux cantons de l’écu, est figuré de gueules sur or, pour rappeler sa petite patrie languedocienne mais aussi la Provence. De plus, les couleurs rouge et or sont celle de l’École polytechnique. La croix d’azur est empruntée aux armoiries de la ville de Marseille. Sur la croix figurent aussi les ondes d’argent, évocatrices de la Méditerranée dont l’évêque a quitté les rivages marseillais pour ceux de Nice. La croix épiscopale rappelle les services militaires de l’évêque, mais le soldat, selon le siècle, est devenu le «miles Christi Jesu». Les lances sont marquées du signe de la croix, qui évoque la Sainte lance. Les pointes des épées sont dirigées vers le centre de la croix pour signifier qu’elles se transforment en armes de lumière. Elles sont «aveuglées» par l’éclat de l’étoile qui luit au milieu de la composition : la lumière totale, «lumen de lumine», celle dont l’évêque est appelé à apporter le témoignage.