Évêque de Nice de 1926 à 1929

Fils de cultivateurs pieux, Louis-Marie Ricard, poussé par le curé de son village, accomplit de brillantes études au petit séminaire de l’Esquille, puis au grand séminaire de Toulouse et à Saint-Sulpice à Paris. Il est ordonné en 1892 et nommé vicaire à Toulouse. Fortement influencé par le Sillon, il s’intéresse aux activités sociales et anime des journaux catholiques. En 1905, cet étudiant du séminaire des Carmes soutient un doctorat en théologie sur les homélies d’Origène et est nommé professeur de dogme au grand séminaire de Toulouse (1907). Dans le même temps, il se fait connaître comme prédicateur dans de nombreux diocèses (dont celui de Nice) et devient curé en 1916, chanoine en 1919, supérieur de l’Association des prêtres serviteurs de Jésus au Saint-Sacrement en 1920. Sacré évêque le 15 décembre 1923, il est aussitôt envoyé à Nice comme auxiliaire de Mgr Chapon, titulaire du siège et ami de Mgr Germain, archevêque de Toulouse.

Mgr Ricard, érudit, très exigeant dans la fidélité à la doctrine, excellent orateur, aime le faste liturgique mais vit simplement et se signale par sa bonté. Administrateur apostolique du diocèse de Nice, il multiplie les constructions et restaurations d’églises, il crée le Comité catholique de la presse (1924), organe de diffusion, et un hebdomadaire catholique, L’Éveil (1925), il institue des associations paroissiales destinées à propager la foi et à développer les œuvres. Après la mort de Mgr Chapon en décembre 1925, Mgr Ricard est nommé évêque de Nice le 31 mars 1926 et intronisé le 22 juin. Mgr Ricard, très préoccupé par le recrutement sacerdotal, ouvre un nouvel établissement pour les petits séminaristes et rachète en 1929, pour un million de francs, un vaste bâtiment délabré, ancien petit séminaire confisqué lors de la Séparation, afin d’en faire son grand séminaire. L’évêque, accusant la laïcité et le rationalisme athée d’avoir causé les maux de la société moderne, veut réformer celle-ci en fondant ou en encourageant nombre d’institutions chrétiennes, œuvres d’éducation morale et sportive, scoutisme, Action catholique, semaines sociales diocésaines, mutuelles, syndicats, associations d’anciens combattants. Il s’adresse aux touristes étrangers, nombreux sur la Côte d’Azur. En 1926, Mgr Ricard, ancien sillonniste, est l’un des évêques qui adhèrent le plus fortement à la condamnation de l’Action française prononcée par Pie XI; il suspend ajuridictione et a divinis un prêtre fidèle à Maurras.

En 1929, il rachète l’ancien Petit séminaire de Nice, vaste bâtiment délabré confisqué lors de la Séparation, pour en faire le Grand séminaire. Cette fièvre d’activités est brutalement brisée par sa mort prématurée, des suites d’une crise cardiaque, le 22 octobre 1929, au sanctuaire de Laghet où il prêche une retraite pour les séminaristes. Selon une tradition orale, peu auparavant, il aurait été pressenti pour succéder au cardinal Dubois à l’archevêché de Paris.

Extraits de la notice du Dictionnaire des évêques de France au XXe siècle, sous la direction de Dominique-Marie DAUZET et Frédéric LE MOIGNE, Cerf, Paris, 2010.

Ralph SCHOR

Armes de Mgr Ricard

Devise : Servir

Coupé : au I, de gueules à la croix de Toulouse (cléchée, vidée et pommelée de trois pièces à l’extrémité de chaque bras) d’or; au II, d’argent à la rose au naturel, tigée et feuillée de sinople.