Mgr Jean-Philippe Nault s’est rendu dans le diocèse de Nice, du 16 au 18 mars, une semaine après en avoir été nommé évêque par le pape François; un premier contact avant de commencer sa nouvelle mission. Il rejoindra les Alpes-Maritimes début mai pour prendre officiellement ses fonctions; et sera installé lors d’une célébration dimanche 8 mai à 15h30 en la cathédrale Sainte-Réparate. D’ici là, il reste pasteur, non plus comme évêque mais en tant qu’administrateur, du diocèse de Digne, Riez et Sisteron, dans les Alpes-de-Haute-Provence, où il avait été nommé en novembre 2014.

«J’arrive à Nice dans une réalité que je ne connais pas encore, mais j’arrive avec beaucoup de joie», a exprimé Mgr Nault au début de la conférence de presse organisée jeudi 17 mars à l’évêché. Pas de plan de carrière dans l’Église: une mission lui est donnée, il la reçoit, il est envoyé. «Intérieurement, j’essaye de la recevoir en y voyant quelque part la volonté du Seigneur. Je la prends comme une nouvelle mission dans laquelle je vais essayer de donner non seulement le meilleur de moi-même, j’espère, mais aussi tout ce que j’ai reçu ailleurs. Après, dans une mission, vous n’êtes jamais tout seul, et heureusement. J’ai vu plein d’équipes, des gens enthousiastes qui ont envie de donner beaucoup de choses.»

Tour des différents services de la curie, de ses salariés et bénévoles (affaires économiques, juridiques, immobilier, protection du clergé, service judiciaire-officialité, chancellerie, communication…), rencontre avec les coordinateurs des pôles diocésains, avec le collège des consulteurs, le conseil épiscopal, visite de la cathédrale Sainte-Réparate, présence lors de la signature d’un protocole avec les tribunaux judiciaires de Grasse et Nice… C’est en voisin qu’est venu à Nice Mgr Nault qui s’apprête à changer d’échelle; si le diocèse de Nice est moins vaste, il compte six à sept fois plus d’habitants: près d’1 100 000 quand le département 04 en dénombre 165 000. Pour autant, dit-il, «la réalité fondamentale ne change pas: annoncer et témoigner du Seigneur.»

Mon programme, c’est Jésus-Christ

Après son installation le 8 mai, comment Mgr Nault envisage-t-il les premières semaines, les premiers mois de son épiscopat à Nice? «L’essentiel, c’est d’annoncer Jésus-Christ; mon programme, c’est-Jésus-Christ. Je n’en ai pas d’autre pour l’instant, dans le sens où je serais ambitieux d’arriver avec un programme précis sur une réalité que je ne connais pas. Je vais apprendre à connaître les gens, ceux qui, depuis des années et des années, font des choses extraordinaires, connaître les réalités, une histoire et un territoire dans lesquels il faut s’intégrer… avant de vouloir changer les choses ou d’avoir des initiatives particulières. Il me semble que la première chose à faire c’est de regarder, d’écouter, d’essayer de comprendre, de percevoir; sachant que la ligne de fond, mais c’est vrai pour tout prêtre et a fortiori pour tout évêque, c’est vraiment la mission. C’est-à-dire annoncer Jésus-Christ, témoigner de ce qu’on est, dans la ligne des textes du pape François.»

Et parmi ces textes, un en particulier nourrit l’évêque nommé de Nice: La joie de l’Évangile. «Et donc, certainement, ça va marquer ce que je porte, mais comme ça marque toute l’Église.» Vivre et transmettre la joie de l’Évangile. «Donc, repartir toujours de notre relation personnelle et commune avec le Seigneur Jésus, des fondamentaux de l’Évangile; qu’est-ce qui nous habite?»

Donner des raisons d’espérer

«Un évêque, c’est aussi lancer une dynamique, accompagner et renforcer une dynamique, c’est ça aussi qui m’habite.» Lors de sa visite, Mgr Nault a pu percevoir, entre autres choses, ce qui se faisait autour de Mission Azur. De 2017 à 2021, ce projet a rythmé la vie du diocèse de Nice: un chemin, articulé autour des cinq essentiels du Christ, pour former des communautés de disciples-missionnaires, pour transformer la vie pastorale des paroisses. Il en avait entendu parler auparavant, le diocèse de Digne faisant lui aussi partie de la province ecclésiastique de Marseille.

«J’en avais eu vent parce que, dans une province, on partage régulièrement entre évêques et vicaires généraux sur les réalités de nos diocèses respectifs. Maintenant, j’ai perçu un petit peu plus tout ce qui se faisait, et sur le fond je m’en réjouis. Je pense qu’aujourd’hui, notre monde ou nos réalités ont besoin de donner sens, non seulement à ce qu’on fait mais à ce qu’on est; et que, dans ce monde qui parfois a oublié Dieu, la joie de l’Évangile c’est à la fois transmettre, mais déjà témoigner de ce qui nous habite profondément: ce qui donne sens à nos vies, ce qui nous permet d’avoir une joie intérieure, une espérance, une direction marquée par la personne de Jésus. Peut-être avons-nous l’impression que les réalités chrétiennes disparaissent à droite à gauche, ce qui est en partie vrai. Personnellement, ça me dynamise d’autant plus, pas pour rétablir un tissu chrétien en tant que tel, mais une vraie rencontre avec le Seigneur. Dans le monde d’aujourd’hui, l’Église a vraiment cette mission de donner des raisons d’espérer.»

Une expérience personnelle et collégiale

Mgr Nault arrive dans le diocèse de Nice avec une première expérience épiscopale: des repères, des habitudes qu’il n’avait pas lors de sa nomination à Digne. Avant celle-ci, il était curé de la co-cathédrale Notre-Dame de Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, après avoir été recteur du sanctuaire d’Ars de 2000 à 2012. En novembre 2014, il devenait, à l’âge de 49 ans, le plus jeune évêque de France. «Ce qui m’a beaucoup marqué, et que je ne percevais pas avant, c’est que quand on devient évêque, on rentre dans un collège. Il y a une vraie fraternité entre évêques, une vraie collaboration. On n’est pas tout seul. Il y a beaucoup de travail entre nous, sur des questions difficiles, plus simples, des questions pastorales…»

Entré au séminaire à l’âge de 25 ans, le futur prêtre avait dans ses bagages une formation d’ingénieur en agronomie et en informatique. «À l’époque, ce qui m’intéressait c’était d’avoir une double-formation. Après celle-ci, je suis entré au séminaire, donc j’ai fait une troisième formation.» Une nouvelle formation précédée d’une expérience marquante, une période au Liban de 1988 à 1990. «Je suis parti comme coopérant, comme prof d’agronomie. Moi qui arrivais d’un pays paisible, j’ai été marqué personnellement d’être plongé à cet âge-là, jeune, dans un pays en guerre, mais où j’ai connu de très belles réalités, touchantes. J’ai beaucoup aimé ce pays.» Un lieu où, écrit-il dans son livre L’audace de l’Évangile*: «C’est là que naît, peut-être à mon insu, ma vocation, dans ce pays à feu et à sang: comment montrer que Jésus est vraiment la Miséricorde incarnée, le seul Sauveur du monde, le seul qui peut nous donner la paix durable et la vraie joie?»

Denis Jaubert

*L’audace de l’Évangile – Un évêque au cœur de la France rurale, paru aux éditions Artège le 1er février 2020