Évêque de Nice de 1802 à 1833
Né en 1758 dans le village corse de Bicchisano, Jean-Baptiste Colonna d’Istria est probablement apparenté aux Bonaparte et jouit de la protection du cardinal Fesch dont il a été le condisciple à Aix, au temps du séminaire. C’est le 12 septembre 1802, en la cathédrale Sainte-Réparate, que les Niçois sont venus entendre la parole de leur nouvel évêque désigné par le Premier consul et investi par le pape Pie VII. Il remplace, suivant les prescriptions du Concordat, Mgr Valperga de Maglione, démissionnaire. Dans l’éclat de ses habits pontificaux, l’évêque rejoint sa cathèdre, sous le regard des fidèles, aussi curieux que remplis d’espoir. Son attitude, empreinte de simplicité et de piété, semble d’ores et déjà les conquérir. Sa venue, après deux lustres de troubles, est la confirmation du rétablissement de la paix religieuse, promise en avril par une circulaire qui annonce le Concordat de 1801 et les dispositions sur le culte contenues dans les Articles organiques de 1802.
Mesurant l’urgence de la reconstruction, le prélat s’attelle à l’ouvrage sans tarder, cherchant d’abord à mettre en place les structures indispensables au fonctionnement de l’institution. Dès décembre 1801, le premier projet établissant les nouvelles circonscriptions envisage la création de seulement 50 diocèses en France. Nice ne figure pas dans cette première liste. Mais trois mois plus tard, le 20 mars 1802, Bonaparte, conscient du déséquilibre de la carte ecclésiastique, porte ce chiffre à 60 et relève les anciens sièges épiscopaux de la Maison de Savoie en précisant: «Nice et Chambéry ont tous deux besoin d’un évêché». Les territoires des évêchés supprimés (Grasse, Vence, Senez, Fréjus et Glandève) sont répartis entre la métropole aixoise et Nice.
Le diocèse niçois, correspondant aux limites du département des Alpes-Maritimes, est notablement agrandi à l’ouest d’une quarantaine de paroisses de l’ancien diocèse de Glandève. À l’est, il prend au diocèse de Vintimille les paroisses longeant la Roya ainsi que Menton et Roquebrune. La disparition de la métropole d’Embrun rattache Nice à l’archevêché d’Aix. C’est dans ce cadre, et sous l’œil scrutateur des instances parisiennes, que Mgr Colonna doit agir pour aménager son territoire, eu égard à la diversité des usages, à l’éparpillement des localités de montagne et aux besoins spirituels des populations. Ainsi, le 28 février 1803, informe-t-il que le diocèse sera divisé en trois arrondissements, ceux de Nice, Monaco (avec les paroisses ligures) et Puget-Théniers. Il comptera 22 paroisses, confiées à des curés, chacune ayant pour limites celles de la justice de paix. Mgr Colonna dresse également la liste de 127 succursales, palliant les inconvénients de l’éloignement géographique des fidèles.
Simonetta TOMBACCINI
Gilles BOUIS
Au début de son épiscopat, Mgr Colonna d’Istria ne portait que son chiffre JBCI dans un écu. En 1814, après la restauration sarde, il prend l’effigie de Sainte Réparate, patronne de la cathédrale et du diocèse. Il ne se servit pas des armes de sa famille.