L’artiste canadienne de 41 ans va se produire à Nice, en l’église Sainte Jeanne d’Arc, ce samedi 12 novembre, pour présenter son tout nouvel album « Jeanne ». Rencontre avec une artiste accomplie et engagée.
Natasha St-Pier, vous avez choisi Nice, l’église Sainte Jeanne d’Arc, pour dévoiler votre nouvel album « Jeanne » lors d’un concert. Que raconte cet album ?
Cet album raconte la vie de Jeanne d’Arc vue par Thérèse de Lisieux. J’ai beaucoup chanté les poèmes de Thérèse de Lisieux, et j’avais envie de continuer d’avoir les mots de Thérèse dans ma vie mais d’une manière différente. Thérèse a écrit deux pièces de théâtre sur la vie de Jeanne d’Arc. Avec ces deux pièces de théâtre, j’ai fait un album. Il regroupe quatorze chansons qui, l’une après l’autre, raconte la vie de Jeanne d’Arc selon le regard de Thérèse. Cette dernière s’est beaucoup projetée en Jeanne d’Arc. Elle nous la décrit timide, un peu faible, mais intuitive tel qu’elle elle se percevait. J’explique cela pendant le spectacle, nous avons les écrits de la Mère supérieure du Carmel au moment où Thérèse écrit ses pièces et au moment où elle va les jouer devant les carmélites lors de leurs récréations. Elle nous décrit comment Thérèse voit Jeanne d’Arc, finalement nous avons une double personnalité dans une même personne.
Cet album serait-il alors une sorte de prolongement de vos derniers travaux ?
Exactement. C’est une manière de prolonger mon chemin avec Thérèse et d’aborder un autre sujet. J’ai chanté presque tous les poèmes de Thérèse et j’ai raconté sa vie pendant plusieurs années. Là, j’avais envie de me pencher sur un autre sujet, une autre figure, tout en gardant malgré tout un lien avec Thérèse de Lisieux. Ses pièces de théâtre ont été pour moi la porte pour pouvoir faire cela.
Après les personnages de Marie, sainte Thérèse de Lisieux, en quoi la figure de sainte Jeanne d’Arc vous inspire-t-elle aujourd’hui ? Quel est le message pour notre monde actuel ?
Thérèse et Jeanne d’Arc sont assez similaires, peut-être par ce que j’ai découvert Jeanne d’Arc à travers les écrits de Thérèse. Ces deux femmes ont su garder la foi. Thérèse le raconte quand elle a traversé « ses nuits de la foi ». Elle va se tourner vers Jeanne d’Arc et sa capacité à garder la foi, peu importe les épreuves, peu importe ce qu’elle traversait. Même aux derniers instants de sa vie quand elle va être sur le bûcher, Jeanne d’Arc est confiante. Chez Thérèse, Jeanne, Mère Teresa ou Marie, on retrouve une qualité, peut-être féminine, qui est cette force d’abnégation et la capacité de garder la foi, en Dieu évidemment, mais aussi la foi en la vie, en les gens qu’elles aiment, la foi que les choses iront mieux. Je trouve que dans un monde où la vie n’est pas toujours facile, garder foi en un lendemain n’est pas toujours évident. Ces femmes-là qui, malgré les épreuves, ont su garder la foi, je trouve intéressant de s’en inspirer.
Pourquoi se produire dans une église plus que dans une salle de spectacle ?
Cela fait un moment que je me produis dans les églises, depuis le premier spectacle de Thérèse. Avec la première tournée dans les églises, je me suis aperçue d’une bonne acoustique, de décors formidables et de lieux particuliers que l’on pouvait visiter. J’ai fait les mêmes spectacles dans de très beaux théâtres mais j’ai eu envie de retourner dans les églises car les gens n’ont pas la même écoute, ni la même attente et les textes vont y prendre une place beaucoup plus importante. Les spectateurs vont avoir une ouverture d’esprit différente et cela était important avec les textes de Thérèse notamment. Maintenant, j’y ai pris goût. Que l’on soit croyant ou non, on n’entre pas dans une église comme dans une salle de spectacle. Les spectateurs qui viennent sont dans la découverte. Quoi qu’il advienne, dans les spectacles en église il y a toujours quelque chose à découvrir. Les textes de Thérèse sont tellement riches qu’il y a toujours un moment dans le spectacle qui va nous parler directement, une phrase, un couplet, qui va résonner en nous particulièrement car c’est une étape de notre vie.
Avec votre longue carrière, à seulement 41 ans, vos différentes influences et partenariats, comment qualifieriez-vous votre style musical actuel ?
C’est la question la plus difficile parce qu’il a toujours la personne que l’on croit être et celle que l’on est. C’est vrai pour tout le monde, à tous les niveaux. Je ne sais pas. Moi, je me trouve techniquement très ordinaire. Je ne sais pas comment qualifier mon style. Je pense qu’il est « easy going » (ndlr : facile à vivre, décontracté), ni pop, ni variété, ni folk. Je suis un mélange de tout ça.
Vous êtes vous-même.
Au début de ma carrière je me cachais derrière un personnage car c’est intimidant de monter sur scène devant pleins de gens, de faire des interviews et de se raconter. Alors on raconte ce que les gens projettent sur nous car finalement quand on est artiste, on devient ce que les gens projettent sur nous. Il y a un moment où l’on est assez grand, assez mature pour avoir la force de simplement rester soi-même malgré les projections et les critiques. J’espère en être là.
Votre parcours artistique est empreint d’influences spirituelles catholiques. Vous avez même chanté en présence du pape François. Quelle est votre propre rapport à Dieu et à la foi ?
Je pense qu’il est, comme pour beaucoup de gens aujourd’hui, inconstant. Un peu comme une petite Thérèse qui va vivre des moments de foi immense et des moments de doute. Je fais partie de ces gens-là, à des moments j’ai des certitudes et à d’autres des doutes. J’ai appris à accepter cela. Je ne suis pas une sainte, je ne peux pas être dans une foi qui est 100% stable tout le temps. Je navigue entre mes doutes et mes certitudes, je me construis tranquillement.
Connaissez-vous déjà Nice ou les Alpes-Maritimes ? Aurez-vous l’occasion de rester quelques jours ?
Oui, je connais déjà Nice. J’ai eu la chance de venir à plusieurs reprises pour des spectacles ou en vacances même. Je suis ravie de revenir vous voir. Au-delà d’un calendrier professionnel chargé, j’ai une vie de maman bien chargée. Aujourd’hui, quand je me déplace en tournée, je ne fais plus de tourisme pour revenir rapidement à la vie du quotidien.
Propos recueillis par Mélanie Raynal
Concert à Nice
Samedi 12 novembre à 20h30
Église Sainte-Jeanne d’Arc
86, avenue Saint-Lambert
Tarifs : 35 et 40 euros