Mercredi 18 octobre 2023, dans trois établissements niçois d’enseignement catholique – Sainte-Thérèse, Don Bosco et Sasserno – a été dévoilée une plaque en hommage à Mgr Paul Rémond, évêque de Nice, Juste parmi les Nations. Y est inscrit: «Face à la barbarie nazie, il fit acte de conscience en contribuant, avec le réseau Marcel, au sauvetage de 527 enfants juifs, au péril de sa vie. Ne l’oublions pas!» Une initiative de la ville de Nice, en partenariat avec le diocèse de Nice.
Chaque cérémonie s’est tenue en présence, notamment, d’élèves, professeurs et chefs d’établissement, de Béate et Serge Klarsfeld, présidents de l’association Fils et filles de déportés juifs de France, de Martine Ouaknine, adjointe au maire de Nice, déléguée au devoir de mémoire et à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, du chanoine Philippe Asso, délégué épiscopal, d’Éric Martinez, directeur diocésain de l’enseignement catholique des Alpes-Maritimes. Après leur dévoilement, les plaques ont été bénites par le frère Jean-Baptiste Blandino, dominicain, coordinateur du pôle Jeunes du diocèse de Nice.
«Béni sois-Tu, Seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers, Toi qui as suscité ton serviteur Monseigneur Paul Rémond pour être pasteur de ton peuple de Nice. Animé par ta Charité, il refusa le sort réservé aux juifs, nos pères dans la foi, au temps de la barbarie nazie au péril de sa vie, car il reconnaissait en eux des frères et des sœurs et professait la dignité inaliénable de chaque personne humaine. Nous t’en prions, daigne bénir + cette plaque qui fait mémoire de l’action menée par Mgr Paul Rémond avec le réseau Marcel. Que le souvenir de sa bonne action se perpétue et que l’homme n’oublie jamais. Par le Christ notre Seigneur. Amen.»
Au péril de leur vie
Né il y a 150 ans, le 24 septembre 1873, décédé il y a 60 ans, le 24 avril 1963, Mgr Paul Rémond fut évêque de Nice de 1930 à sa mort. «Angoissé par la crise des années 1930 et la poussée des dictatures, il condamne l’antisémitisme nazi dès avril 1933 […] (site internet du diocèse de Nice). Avec un juif, nommé inspecteur de l’enseignement catholique, il installe à l’évêché un réseau qui cache et sauve 527 enfants israélites.» Ainsi, Mgr Rémond a mis l’évêché au service du réseau Marcel, initié en 1943 par Moussa Abadi et sa compagne Odette Rosenstock. Ensemble, ils vont œuvrer à cette opération exceptionnelle.
À l’école-collège Sainte-Thérèse, la plaque en hommage à Mgr Rémond prend place, désormais, à côté de celle commémorant l’action de l’ancienne directrice de l’institution, sœur Marie-Gabrielle. Celle-ci, avec toute la communauté de la Sainte-Famille dont elle était la supérieure, cacha et sauva sept jeunes filles dans le pensionnat.
Les salésiens et salésiennes de Don Bosco cachèrent 80 garçons et 20 filles dans leur internat ou pensionnat, et dans la crypte de l’église Notre-Dame-Auxiliatrice, par les supérieurs de ces institutions, le père Vincent Siméoni et sœur Joséphine Chopin, aidés par l’abbé Michel Blain, curé de la paroisse.
Au sein de l’établissement Sasserno, 32 jeunes juifs ont été cachés à l’internat et sauvés de la persécution durant l’Occupation, par l’abbé Pierre Roubaudi, directeur, et toute l’équipe pédagogique.
Se souvenir
Comme l’a exprimé le chanoine Philippe Asso, lui aussi se souvient, même s’il n’était pas là, s’il n’était pas né. «[…] nous dressons aujourd’hui un mémorial. Nous nous souvenons des noms, et de ceux qui furent assassinés, et de ceux qui ont sauvé: qu’ils vivent à jamais! Aujourd’hui, tous ensemble, de génération en génération, nous nous souvenons. »
Le 2 décembre 1991, Yad Vashem, institut international pour la mémoire de la Shoah, a reconnu à titre posthume Mgr Rémond, pour son action, Juste parmi les Nations.
Denis Jaubert
