L’association Pax Christi Nice et la Pastorale des Migrants ont invité les personnes à participer à une Marche de la Paix, dimanche 9 janvier après-midi, jour du Baptême du Seigneur, à l’abbaye Notre-Dame de la Paix à Castagniers.

Après un mot d’accueil de Michel Lafouasse – Pax Christi Nice, la marche méditative s’est élancée en silence depuis l’église du village de Castagniers. Les marcheurs ont rejoint l’abbaye cistercienne portés par le message du pape François pour le jour de l’an « Dialogue entre générations, éducation et travail: des outils pour construire une paix durable. » Ce moment de partage s’est terminé par des vêpres en l’église de l’abbaye.

Mot de Michel Lafouasse au début de la marche

Je remercie Claude Seguin, responsable du réseau Welcome. Et je remercie aussi en particulier quelques amis de confession musulmane qui ont répondu à notre invitation de marcher pour la paix. Nous voici donc réunis, en union avec le pape François. Il débute son message du 1er janvier par ce verset du prophète Isaïe: « Comme ils sont beaux, sur les montagnes, les pas du messager qui annonce la paix. » Le pape précise que, « pour ces gens, l’avènement du messager de paix signifiait l’espérance d’une renaissance sur les décombres de l’histoire, le début d’un avenir radieux ». Et, comme le pape, nous entendons nous aussi « la clameur des pauvres et de la terre » qui implorent justice et paix. Il rappelle que la paix est à construire, car c’est à la fois un don du ciel et le fruit d’un engagement commun. Il nous donne un objectif, l’élaboration d’un pacte social, et il nous indique trois chemins pour y parvenir: le dialogue, l’éducation et le travail.

Avant de commencer la marche, je vais décrire le premier chemin: Dialoguer entre les générations pour construire la paix.

Le dialogue consiste à s’écouter, discuter, se mettre d’accord et cheminer ensemble. C’est ainsi que les fidèles de l’Église catholique se sont mis en chemin de dialogue. Mais nous ne devons pas oublier un point essentiel: la bienveillance est première. Le récit du baptême du Messie par Jean, que nous fêtons ce dimanche, peut nous éclairer: la bienveillance, c’est la voix de Dieu qui descend sur Jésus en prière: « Toi, tu es mon Fils bien aimé; en toi, je trouve ma joie. » En effet, le mot grec «eudochia» a une grande richesse de significations, bonne volonté, intention bienveillante, délice, plaisir, satisfaction. Certes, nous ne sommes pas Jésus, mais nous croyons que le Christ a donné sa vie pour nous sauver de nos péchés.

Dans la profondeur de la prière, nous aussi pouvons ressentir la bienveillance du Miséricordieux. Elle nous fait un bien immense: Il nous pardonne! Il nous aime comme nous sommes! Il nous invite à redevenir frères et soeurs! La bienveillance, c’est voir en premier tout le beau, le bien et le bon dans l’autre, et s’en réjouir. La bienveillance, c’est la condition essentielle pour rétablir la confiance entre les frères. Établir la confiance se fait en se désarmant. Ce n’est pas facile, mais il faut le demander, comme Christian de Chergé dans sa prière: « Désarme-moi – désarme-le ». C’est aussi notre prière de supplication aux États les plus puissants: osez mettre vos armes au vestiaire!

Le pape dit l’urgence du dialogue des générations. En effet, les jeunes ont besoin de l’expérience existentielle, sapientielle et spirituelle des personnes âgées, tandis que les personnes âgées ont besoin du soutien, de l’affection, de la créativité, du dynamisme des jeunes. Il interroge: « Sans racines, comment les arbres pourraient-ils pousser et porter des fruits? » Nous devons accueillir avec bienveillance toutes les personnes déracinées qui ont été forcées de quitter leur pays; nous devons les aider à conserver vivantes leurs racines culturelles en leur offrant l’hospitalité de notre sol, en leur offrant d’entremêler leurs propres racines avec les nôtres.

Personnellement, j’entrevois déjà la fécondité du dialogue avec nos amis musulmans, cette redécouverte d’une fraternité possible, la richesse inouïe de nos traditions complémentaires. Il convient aussi de regarder l’histoire en vérité, pour apprendre de l’histoire et pour guérir les blessures qui parfois nous conditionnent. Étudier donc l’histoire sans oeillères, et, poursuit le pape François, « fréquenter l’avenir pour nourrir l’enthousiasme, faire germer des rêves, susciter des prophéties, faire fleurir des espérances ». En nous réenracinant ainsi dans le présent, nous pouvons nous réjouir déjà d’une future fécondité. Nous pouvons, unis, apprendre les uns des autres et, forts de ces racines renouvelées, reprendre confiance en l’avenir. Nous devons donc encourager les nombreux jeunes qui s’engagent pour un monde plus juste et qui sont attentifs à la sauvegarde de la création. Je constate en effet qu’ils sont plus matures que bien de leurs ainés, que bien de responsables, que bien des gouvernants.