Un peu avant son ordination sacerdotale, et pour les y inviter, Christian Chessel adressa un courrier à sa famille et ses amis pour leur partager ce que signifiait pour lui cet engagement. Il les a également préparés à la célébration d’ordination elle-même, avec ses rites liturgiques. Extraits.

Christian Chessel lors de son ordination presbytérale, le 28 juin 1992.

Cette célébration est un événement ecclésial qui touche toute la vie de l’Église.
Au terme d’une longue période de formation, je me rends compte combien seules la fidélité de Dieu et sa grâce m’ont permis d’avancer -parfois à tâtons- et de répondre à son appel.
Le fait d’être ainsi appelé est une présente invitation à donner sa vie pour tous les hommes.
Un appel à être, au milieu de tous et pour tous, un témoin de la bonté et de l’amour de Dieu pour tous.

Devenir prêtre missionnaire, c’est être appelé à témoigner plus particulièrement de cet aspect universel de la mission de l’Église: se faire proche de ceux qui sont loin, que ce soit géographiquement ou spirituellement, pour dire à tous qu’en Jésus-Christ, Dieu s’est à jamais fait proche de l’homme jusqu’à devenir l’un de nous; et qu’il s’est fait proche de tous, hommes et femmes de toute race, langue, peuple, culture, dans une telle proximité d’amour et de vie qu’elle nous ouvre à jamais le chemin d’une communion d’amour avec Dieu.
En même temps, recevoir une telle mission invite à beaucoup de modestie, pour ne pas dire d’humilité.

Ce ministère, s’il veut être un ministère de service de Dieu et de service des hommes, ne peut que s’enraciner dans un respect profond des consciences, des valeurs, des cultures, comme de l’histoire propre de chacun. Partir en mission, c’est d’abord apprendre à quitter ses sandales devant la terre sainte que représente l’autre; c’est apprendre que «le serviteur n’est pas plus grand que son maître» (St Jean 13, 16).
Le renouveau et l’expansion du monde musulman aujourd’hui me semble être un «signe des temps» auquel nous devons nous rendre présents et attentifs. Cela veut dire prendre le chemin difficile mais passionnant de la découverte d’une autre religion et d’une autre culture, de ses traditions et de ses valeurs, de façon à pouvoir entretenir un véritable dialogue basé sur le respect de l’autre sans rien renier de sa propre foi ni des exigences de l’annonce de l’Évangile.

Je confie aussi tout spécialement à votre prière et à votre amitié cette ordination du 28 juin, pour moi et pour les trois autres prêtres du diocèse de Nice avec qui je serai ordonné.
Permettez-moi enfin de terminer par un très beau texte du pape Jean-Paul II dans sa dernière encyclique, La Mission du Rédempteur, qui trace admirablement ce que doit être la vie d’un missionnaire; mon plus grand souhait et ma plus grande prière est qu’il est inspire aussi toute ma vie: «Le missionnaire est l’homme des Béatitudes. Avant de les envoyer évangéliser, Jésus instruit les Douze en leur montrant les voies de la mission : pauvreté, douceur, acceptation des souffrances et des persécutions, désir de justice et de paix, charité… En vivant les Béatitudes, le missionnaire expérimente et montre concrètement que le règne de Dieu est déjà venu et qu’il l’a accueilli. La caractéristique de toute vie missionnaire authentique est la joie intérieure qui vient de la foi. Dans un monde angoissé et oppressé par tant de problèmes, qui est porté au pessimisme, celui qui annonce la Bonne Nouvelle doit être un homme qui a trouvé dans le Christ la véritable espérance».

Christian Chessel – Pâques 1992