«Elles sont belles, les couleurs! Mais on n’y voit pas grand-chose…» C’est peut-être ce que vous vous dites en regardant ce vitrail de l’église Notre-Dame-de-France au col de Villefranche (paroisse Notre-Dame-de-l’Espérance). Pourtant, à bien y regarder, ce n’est pas si abstrait puisqu’on distingue bien une silhouette, celle du Christ (bleu clair) sur la croix (rouge rehaussé de jaune). Ses bras écartés et son corps courbe se déploient dans tout l’espace du vitrail.

Les bleus plus foncés nous rappellent que «quand arriva la sixième heure, c’est-à-dire midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure» (Marc 15, 33). Seul le violet adoucit le contraste provoqué par les trois couleurs primaires. Le drame se joue sous nos yeux, c’est le Serviteur Souffrant tel que l’annonce Isaïe: «La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme […] En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé» nous dit le prophète (Isaïe 52, 14 et 53, 4).

Quelle tourmente, quel tourbillon de lignes et de couleurs! Cette dynamique est rendue possible par la technique du vitrail en dalle de verre, inventée à la fin des années 1920, et qui connaît un regain d’intérêt dans les années 1960. Il s’agit de briques de verre teintées dans la masse, d’une épaisseur de 25 mm prises dans du ciment. L’église en comptent ainsi 11 grands et 36 petits; un véritable feu d’artifice!

Église Notre Dame De France, Col de Villefranche
Église Notre Dame De France, Col de Villefranche

Ce vitrail de la Crucifixion, à la fois douloureuse et pleine d’espérance, est à l’image de l’histoire de l’église dont la construction débute dans la tourmente du début des années 1940. C’est d’abord un simple baraquement militaire dévasté et misérable, aménagé en lieu de culte, déjà placé sous le vocable de Notre-Dame-de-France, Mgr Rémond faisant le vœu de construire en ce lieu une belle et grande église lorsque la Libération viendra.

La Libération vint. En 1947, la crypte est construite, on y célèbre un premier baptême l’année suivante. Mais les travaux sont suspendus dès 1949 et pour 10 ans. Pourtant la communauté croît et autour de l’abbé Émile Chonavey, un petit comité recueille les fonds nécessaires, organise des kermesses, des loteries, du théâtre, un ouvroir. La première pierre de l’église, toujours visible à gauche de l’entrée, est posée et bénie par Mgr Rémond le 11 octobre 1959.

Et il y a la douzaine de jeunes de la communauté Saint-Martin à Peille qui œuvre à la construction de l’édifice les jeudis, pendant les petites et grandes vacances, et par tout temps: le froid, la neige, le vent ou sous un soleil accablant. Si on ne les voyait pas sur le chantier c’est qu’ils étaient à la carrière de Saint-Martin-de-Peille pour extraire la pierre.

Tous œuvrent tant et si bien qu’en 1960, on appose le médaillon sur la façade pignon: on y lit le chrisme, les deux lettres alpha et oméga et la date de 1960, centenaire du rattachement de Nice à la France. En 1963, on place la statue de Notre-Dame-de-France à la base du clocher. C’est une œuvre de 3m50 de haut que le sculpteur Juan Berrone a mis un an à réaliser. Regardez bien, la Vierge nous sourit!

Christel Naujoks,
Déléguée diocésaine pour le service de la Culture

Paroisse Notre-Dame-de-l’Espérance

28 boulevard Maréchal Leclerc – 06310 Beaulieu-sur-Mer
Tél. 04 93 01 01 46
nd.esperance.beaulieu@orange.fr – paroisse-notre-dame-esperance.net

Église Notre-Dame-de-France
Col de Villefranche, Chemin du Fort du Mont-Alban – 06300 Nice